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adoptez des adultes... |
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Je voudrais dénoncer une fois de plus ce lieu commun, encore trop répandu, qui veut que, pour nous être attaché, un animal doit avoir été élevé par nous. Une bonne partie de ma vie consacrée à secourir les chiens et chats abandonnés, à les héberger, les soigner et les replacer m’a amenée à m’inscrire en faux contre cette opinion. |
Non seulement les chiens et les chats recueillis adultes ne sont pas moins disciplinés ni moins fidèles que ceux que nous avons élevés, mais très souvent c’est l’inverse.
Le chiot et le chaton, dont la gaucherie et la gentillesse nous laissent sans défense devant leurs premières incartades, se révèlent très vite de véritables poisons. Ils ne connaissent que le foyer et leurs maîtres, certes ! Mais un instinct infaillible leur fait sentir combien ceux-ci sont vulnérables. Toutes les indulgences leur sont acquises et ils risquent de devenir bientôt cabochards et tyranniques à l’instar des enfants trop gâtés, alors que l’animal recueilli après avoir été perdu ou abandonné nous marque très vite un attachement anxieux.
Pour bien comprendre ce comportement, il faut avoir observé ces chats qui se laissent mourir d’ennui dans nos refuges et ceux qui s’obstinent à survivre dans les squares et les terrains vagues.
Il faut avoir observé ces chiens perdus, à l’allure furtive, à l’arrière train avalé, qui suivent de loin un passant attardé ou au contraire s’en écartent avec crainte, et qui errent dans le même quartier des jours et des jours, sans manger, quelquefois sans boire, ou bien qui parcourent à une allure rapide des dizaines de kilomètres à la recherche de leur maître.
Il faut imaginer la panique de ces bêtes habituées à un maître, à un logis, et qui recherchent inlassablement ce maître et ce logis, chassées par les uns, par les autres, jusqu’au jour où elles sont soit écrasées, soit prises en charge par une personne compatissante, soit mises en fourrière où, alors, commence pour elles une réclusion dont elles ne perçoivent pas le sens.
Pour l’abandonné, le processus est le même. Il se trouve brutalement transposé de son cadre familier derrière les grilles d’un box, où il voit défiler parfois pendant des années, des visages inconnus, des êtres dont l’odeur n’est pas celle du maître. Et dans cette solitude, dans cette désolation, voici que s’avance une main dont le contact est apaisant. Et cette odeur nouvelle d’un être nouveau devient l’odeur de la délivrance.
Dès lors, c’est plus que le maître, c’est le sauveur, c’est le dieu qu’on ne veut plus laisser s’éloigner, celui dont l’absence replonge dans l’angoisse.
Cette expérience émouvante, je ne l’ai pas faite dix fois, mais vingt fois, mais cent, mais mille. C’est pourquoi je suis formelle dans mon affirmation. C’est à de telles expériences que je vous convie, vous tous qui me lisez, pour votre bonheur et pour le bonheur de l’animal que vous retirerez de la misère.
Refuge Beauregard 58000 SAINT-ELOI | |
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