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coranavirus et pif
date de parution --/--/----
Les textes présentés ci-dessous sont reproduits avec l’aimable
autorisation du club du CHATHAÏ — Le Club Francais du Chat Thaï.


1) LES CORONA VIRUS DU CHAT — Par le Dr J.-J. MALERGUE
2) CORONAVIRUS ET PIF DANS L’ELEVAGE FRANÇAIS — Par E. MEUNIER
Président du CHATHAI
3) ASPECTS JURIDIQUES DE LA PIF — Par Ch. AMISSE, secrétaire
générale du CHATHAI
4) STRESS ET PIF CHEZ LE CHAT — Par A. SOULIE Eleveur
1) LES CORONA VIRUS DU CHAT — Par le Dr J.-J. MALERGUE



Les Corona Virus sont des maladies du chat dues à une famille de virus :
• Avec, d’une part, une maladie bénigne qui se traduit par une
simple entérite ou bien un phénomène de portage asymptomatique.
• Et, d’autre part, une entité beaucoup plus dramatique : la PIF (Péritonite Infectieuse Féline).

L’ambiguïté du problème repose sur le fait qu’un même virus « en apparence » est à l’origine de deux problèmes pathologiques très différents l’un de l’autre, et que, pour ces deux maladies très différentes, l’agent responsable dans les deux cas a un code antigénique absolument identique.

LA FORME DIGESTIVE

Elle s’accompagne de diarrhée à laquelle peuvent être associés
des vomissements. Un traitement associant pansements digestifs
et antibiotiques est, dans la majorité des cas, suffisant. Si
ces troubles digestifs s’accompagnent de déshydratation, il peut être nécessaire, dans les cas les plus graves, de réaliser une réhydratation par voie veineuse.

Dans la majorité des cas, ces troubles digestifs conservent un
caractère banal, sans gravité et rétrocédant facilement. Le
diagnostic repose sur la mise en évidence du virus dans les
selles par des tests Elisa ou PCR.

LA PIF

Cette maladie d’actualité est à l’origine de difficultés
diagnostiques, thérapeutiques et prophylactiques. Elle peut être un facteur limitant à l’élevage félin et peut représenter une gêne lors des transactions dans l’espèce féline.

Virologie

La PIF est une maladie virale provoquée par un Corona Virus qui est très proche génétiquement du Corona Virus responsable
d’entérites. C’est par mutations successives du virus
responsable de l’entérite que le Corona Virus acquiert un
pouvoir pathogène qui pourra être responsable de la PIF. Ces
deux virus (ceux responsables de l’entérite et ceux responsables
de la PIF) sont tellement proches sur le plan antigénique
qu’aucune méthode sérologique en l’état actuel ne peut les
distinguer. P3

La contamination du Corona Virus se fait par voie orale (salive,
selles). Les désinfectants usuels détruisent le virus. Le virus
est excrété dans la salive et les selles. Un chat séropositif
sur trois excrète du virus. Les malades ne sont plus excréteurs.

A l’heure actuelle, nous ne sommes pas en mesure de faire le
distinguo entre un Corona Virus responsable d’un problème banal
et un Corona Virus à l’origine de la PIF.

Facteurs prédisposants

• Age :
Les chats de tout âge peuvent déclarer la maladie, surtout les
jeunes (de 3 mois à 3 ans), et âgés (au-delà de 10 ans).

• Mode de vie :
Les chats vivant en communauté (refuges, élevages, garderies,
magasins) sont plus facilement contaminés. Aux USA, 25% des
chats de particuliers sont séropositifs, 95% dans les élevages.

• Souche virale :
Toute souche de Corona Virus actuellement est potentiellement
capable après mutation d’induire une PIF.

• Le stress :
C’est le facteur prédisposant le plus important (changement de
propriétaire, chirurgie, gestation, maladies concomitantes,
expositions). Dans une étude : les chatons morts de PIF ont eu
un changement de propriétaire ou une chirurgie un à deux mois
avant.

• Immunité :
Prédisposition génétique : certaines lignées seraient plus
sensibles.
Infection par d’autres virus : FIV, FelV, calicivirus Herpès,
favoriseraient la multiplication du Corona Virus.
Médicament : Les progestatifs (pilule) favoriseraient la PIF.


Les symptômes de la PIF

La clinique est au début peu spécifique : « le chat est malade »… :
anorexie, amaigrissement, léthargie, fièvre élevée supérieure à
40°, et qui dure de 5 à 7 jours, voire plusieurs semaines, et
qui ne répond pas aux antibiotiques, sont les signes les plus
« caractéristiques ».

La maladie progresse, l’état général se dégrade, souvent
accompagnée d’anémie et de déshydratation au fur et à mesure de l’évolution.

On distingue 3 formes : la forme humide, la forme sèche, et la
forme intestinale et nodulaire, qui est beaucoup plus rare.

• LA FORME HUMIDE

A la suite d’inflammation de certains vaisseaux sanguins, il y a
une fuite de protéine du plasma sanguin vers les grandes cavités
(thorax, abdomen, péricarde). Avec le temps, se développe une ascite accompagnée d’une maigreur importante.

Selon le type des organes internes atteints (foie, pancréas,
intestin, ganglions mésentériques, des symptômes secondaires
apparaissent : ictère, diarrhée, vomissement. Quand
l’épanchement affecte la cavité thoracique, celui-ci
s’accompagne de dyspnée et d’intolérance à l’effort. Il est
visible à la radio et à l’échographie.

• LA FORME SECHE

Cette forme est beaucoup plus difficile à appréhender, elle est
en effet plus spécifique d’organes, tels que :
- L’œil :
Généralement une uvéite antérieure avec myosis ou précipités
kératiques, hémorragie oculaire sur le segment postérieur de
l’œil. C’est essentiellement la rétine qui est touchée avec des
hémorragies et des taches péri-vasculaires.
- Le système nerveux :
Cela peut se manifester par des crises de convulsions, des
tremblements de la tête, un nystagmus, le fait de tourner en
rond, une hyperesthésie, des paralysies ascendantes
progressives, des incontinences urinaires.
- Le rein :
Néphrites pyogranulomoteuses, apparition de granulomes
inflammatoires à la surface du rein, une insuffisance rénale
s’installe avec polyurie, polydypsie (soif) et urée.
- Le foie :
Une forme pyogranulomateuse peut là aussi exister avec
hépatomégalie, ictère, insuffisance hépatique, polydypsie,
vomissements.

• LA FORME INTESTINALE NODULAIRE

Récemment décrite, surtout chez les jeunes (50% chez les moins de un an), cette forme se manifeste par des diarrhées, des
vomissements chroniques, la présence d’une masse intestinale. Il
s’agit de pyogranulomes situés dans la paroi de l’intestin à la
jonction iléocécale avec une hypertrophie du ganglion
mésentérique impossible à différencier des lésions du
lymphosarcome. Seule l’histologie permet de faire la différence. Après quelque temps, cette forme évolue vers la forme humide.

Quelle que soit la forme de la PIF, elles évoluent toutes vers la
mort de l’animal.

Diagnostic

95% de la population féline d’une communauté de chats est porteur de Corona Virus. Ainsi, il faut arrêter immédiatement de dire qu’un chat malade séropositif vis-à-vis du Corona Virus est atteint de la PIF.

Il est clair que le dépistage des anticorps vis-à-vis du Corona
Virus n’est pas significatif.

La démarche diagnostique rigoureuse est alors complexe.

- Du vivant de l’animal :
Le clinicien devra accumuler un certain nombre de critères pour pouvoir affirmer que le chat est atteint de PIF (voir tableau en annexe).
- Diagnostic post-mortem :
La forme humide est généralement suffisamment évocatrice. Les formes sèche et nodulaire peuvent susciter un examen
histo-pathologique.

La prévention

La vaccination n’existe pas en France.

Des mesures peuvent être prises au sein des élevages :
- Répartition en petits groupes
- Hygiène rigoureuse
- Chatons isolés avec leur mère (séparés du groupe)
- Séparation précoce des chatons d’avec leur mère (cinq
semaines)
- Evaluation du risque sur les mères ayant donné naissance à
plusieurs chatons qui ont développé la PIF (contrôles PCR sur
des frottis rectaux pour évaluer le taux d’excrétion, et, le cas
échéant, stérilisation de cette femelle).

Est-il absolument nécessaire d’avoir des chatons séronégatifs ?
Si ces chatons vivent isolés, oui. Si ces chatons doivent
rencontrer d’autres chats éventuellement porteurs, les chatons
séronégatifs seront plus sensibles et risquent de développer une
PIF.
Chaque mesure doit être prise en fonction de l’élevage.


CONCLUSION

Un chat séropositif vis-à-vis du Corona Virus n’est pas forcément un chat atteint de PIF. A contrario, un chat atteint de PIF est obligatoirement porteur du Corona Virus. Le diagnostic de PIF ne passe pas par le dépistage du Corona Virus mais par un examen clinique complet associé avec des examens complémentaires hématologiques et biochimiques.

La confirmation scientifique de PIF ne passe que par des examens histologiques en post-mortem malheureusement.

Aujourd’hui, nous devons retenir de tout ceci que le dépistage
seul de Corona Virus est une fausse piste qui conduit
malheureusement à bien des erreurs vis-à-vis des chats malades.

2) CORONAVIRUS ET PIF DANS L’ELEVAGE FRANÇAIS — Par E. MEUNIER Président du CHATHAI

Il convient en premier lieu de ne pas confondre le Corona Virus
et la PIF (Péritonite Infectieuse Féline) qui, même s’ils sont
liés, sont tout à fait différents l’une de l’autre, puisque le
premier n’a pratiquement aucune incidence sur la santé de nos
chats alors que l’autre est pour l’instant incurable et donc
mortelle. Il faut donc, avant de pouvoir comprendre leurs
mécanismes et les précautions effectuées par les éleveurs, bien
lire l’article de notre ami vétérinaire le docteur J.-J.
MALERGUE.
Il faut savoir qu’un chat atteint de Corona Virus n’est en aucun
cas malade, il vit de manière tout à fait normale et n’est sujet
à aucun trouble durant toute son existence, si ledit Corona
Virus ne provoque pas une entérite simple très facile à soigner
ou ne mute pas en PIF.

QUE FAIRE VIS-A-VIS DU CORONA VIRUS A L’ELEVAGE

Deux écoles s’affrontent, la première est pour le « aucun Corona
Virus » et la seconde pour le « tout Corona Virus ».

L’avantage du « aucun Corona Virus » est qu’en effet, si le Corona
Virus n’est pas présent à l’élevage, et si les mesures d’hygiène
consistant à ce que la chatterie ne puisse en aucun cas être
contaminée (locaux de quarantaine, aucun contact extérieur,
désinfection avant chaque entrée dans les locaux….), aucun chat, tant qu’il restera dans ce milieu hyper protégé, ne pourra attraper la PIF. L’inconvénient, outre le fait de produire des chats à l’immunité imparfaite pour toute maladie (puisque n’étant en contact avec aucun virus, ils n’ont pas pu développer leur immunité), est qu’un chat Corona Virus négatif, s’il est mis en contact avec le virus, a 90% de risques de développer une PIF.
Le but de l’élevage, en plus de faire pousser avec amour les
chatons, est de trouver une famille qui fera leur bonheur en
échange du sien. Or, aucun particulier ne peut prendre des
mesures d’hygiène aussi draconiennes que celles décrites
précédemment. Par contre, l’éleveur est sûr que la PIF ne pourra pas se développer chez lui, ni dans le délai légal d’incubation de 21 jours, se couvrant ainsi légalement contre toute réclamation de l’acheteur. Je préfère ne pas porter de jugement sur cette méthode…
De plus, 95 % du cheptel français étant atteint de Corona Virus,
il semble utopiste de vouloir conserver un cheptel négatif, car
toute nouvelle introduction d’un animal est à ce moment là
périlleuse, d’autant plus que la fiabilité des tests Corona
Virus n’est pas absolue, et que des chats peuvent être déclarés
à tort négatifs. Une des solutions est de fonctionner en
« circuit fermé », ce qui consiste à pratiquer outrageusement la
consanguinité, qui est elle-même un fléau.

Pour ce qui est du « tout Corona Virus », le but est exactement
l’inverse de celui décrit précédemment, à savoir développer une immunité chez les chatons et réduire le risque de PIF lorsque le chaton trouve sa nouvelle demeure. Il faut savoir que le taux de PIF chez le chat de race, en France, est de 5% en moyenne. L’inconvénient est que le chaton peut développer une PIF à l’élevage et donc en mourir ; il peut également être vendu en phase d’incubation de cette maladie sans qu’il y ait de signe
apparent, et mourir de cette maladie dans le délai légal de 21
jours, mettant en cause la responsabilité de l ‘éleveur et
provocant l’incompréhension des acquéreurs qui rendront souvent l’éleveur responsable de cet état de fait.

Il faut se souvenir que, fort heureusement, la PIF est une
maladie auto-immune qui se développe par différents facteurs,
mais qui n’est en aucun cas contagieuse. Donc pas de risque
« d’élevage où il y a la PIF » comme on l’entend trop souvent de
la part de vétérinaires incompétents (et oui, ça existe, surtout
pour le chat).

Vous l’aurez compris, je suis un adepte du « tout Corona Virus ».
En effet, les risques de PIF en sont réduits pour le chat et le
pourcentage d’environ 5% d’échec qui est hélas pour l’instant
incontrôlable fait partie intégrante de l’élevage. Pour la
famille d’accueil, il n’est pas toujours facile de comprendre
ces contraintes, c’est à l’éleveur de les lui expliquer.

LA PIF ET LES PROFESSIONNELS

Remettons le problème dans son contexte. Comme vous l’aurez
compris, dans un élevage, soit aucun chat n’est porteur de
Corona Virus, soit ils le sont quasiment tous… Le choix
appartenant à l’éleveur.

Autre point à prendre en compte : le récent développement du chat de race en tant qu’animal de compagnie. L’étude et la recherche sérieuse sur les maladies des chats ne sont que très récentes (moins de 10 ans). Il y a encore peu, pour des raisons
financières (manque de clientèle), les laboratoires ne se
penchaient pas sur la question.

Hélas, il en est de même pour un grand nombre de vétérinaires qui parlent à tort et à travers de PIF, lorsqu’ils n’arrivent pas à poser un diagnostic certain sur une maladie féline. Le summum consistant à dire « votre chat a la PIF », alors qu’ils ont fait un simple test de Corona Virus. Il convient donc d’être prudent lorsqu’on parle de PIF, car aucun examen du vivant du chat ne permet de se prononcer définitivement. Seule une présomption peut être envisagée. Heureusement, aujourd’hui de plus en plus de professionnels se documentent sur la question et certains vétérinaires sont mêmes devenus des spécialistes du chat.

Il existe également de nombreux éleveurs qui manquent cruellement de connaissances face à cette maladie, et qui ont tendance à diffuser des préjugés qui n’ont rien à voir avec la réalité. Ces « ragots » entretiennent la psychose et remettent en cause la culpabilité de chacun alors que cette maladie est pour l’instant un fléau naturel dont nul ne peut être tenu pour responsable individuellement.

Dernier point : la législation. Je vous invite à lire l’article
sur la loi régissant les garanties légales en cas de PIF,
aimablement rédigé par Mme Ch.AMISSE. Le Corona Virus ne rentre pas dans ce contexte puisqu’il n’engendre aucun problème de santé.

RELATION ELEVEUR ET FAMILLE D’ACCUEIL EN CAS DE PIF

Rappelons les différents facteurs pouvant engendrer une PIF.
Celle-ci peut se développer principalement suite à un stress,
comme le premier voyage, des conditions de vie anormales, des
maltraitances, volontaires ou non … Il existe d’autres facteurs,
tels que des traitements à base de cortisone ou des suites de
maladies mal soignées…

Lors d’un décès provoqué par la PIF, il faut tout d’abord prendre en compte que les chats ne sont pas des machines à laver, et qu’en dehors du cadre légal, il y a toujours quelque chose à faire.

En premier lieu de la part de la famille d’accueil, il ne faut
pas incriminer l’éleveur et le prendre pour un sans-cœur. Car
l’éleveur n’est pas ce monstre insensible qui se contente de
« vendre des chats ». NON, l’éleveur est celui qui a suivi la
chatte durant sa gestation, l’a aidée à mettre ses petits au
monde, et a suivi l’état de santé physique et moral de tout ce
petit monde. Alors prenez également en compte sa peine lorsqu’un chaton qui est né chez lui décède de cette terrible maladie.

Ensuite, il convient d’essayer de chercher, conjointement avec le vétérinaire et l’éleveur, les causes ayant pu engendrer cette
PIF, afin de ne pas reproduire un contexte qui pourrait
favoriser de nouveau cette maladie.

L’éleveur, en dehors des délais légaux, où il est en plus tenu à
un remboursement, se doit d’aider moralement la famille du chat, en la soutenant dans sa peine, en lui expliquant clairement ce qu’est la PIF, et en l’aidant dans son parcours, aussi bien
administratif que psychologique.

A ce sujet, je tiens à vous faire part d’expériences vécues.

Un chaton issu d’un élevage est décédé de PIF en 2003. Après en
avoir discuté avec les propriétaires, l’éleveur a appris que le
vétérinaire, qui avait pratiqué un vaccin de leucose, en avait
profité pour refaire un rappel complet de vaccination, alors que le chaton était déjà entièrement vacciné depuis un mois (il n’y a pas de petit profit). Or la sur-vaccination est très
dangereuse. De plus, ce vétérinaire, qui avouait avoir peur des
chats, avait été violent au moment de l’injection au point que
le chaton était resté 3 jours à boiter de la cuisse ayant subi
l’injection.
L’éleveur a refusé tout compromis et toute autre vente à cette
personne si elle persistait à garder le même vétérinaire.

Un autre exemple : des personnes ayant perdu un chat de maladie (on ne sait pas laquelle) se portent acquéreurs d’un chaton dans un élevage. Deux mois plus tard, ce chaton déclenche une PIF. Sans obligation de sa part, mais pour faire plaisir aux enfants, l’éleveur donne un autre chaton, lui aussi en parfaite santé au moment de son départ de l’élevage. Il se trouve que ce troisième chaton a également déclenché une PIF dans les mois suivants. Il est là évident qu’un facteur de stress important était présent chez ces personnes pour perdre trois chats en moins d’un an dont deux d’une PIF avérée, la mort du premier restant un mystère.

Nous avons également eu au sein du Club des plaintes de la part
de personnes ayant acheté des chats présentant tous les
symptômes pouvant faire penser à une PIF, et ce dès l’achat. Il
va donc de soi qu’il convient pour tout particulier, avant
d’acquérir un chaton, de prendre les précautions nécessaires
afin de s’adresser à un éleveur digne de ce nom. Et, bien
entendu, de ne pas prendre un chaton qui soit manifestement
malade. Toutefois, un chaton peut avoir une maladie bénigne au
sein de l’élevage. Il convient pour l’acquéreur de se montrer
patient, et d’attendre que le chaton soit complètement guéri
avant de l’adopter.

Ces exemples sont là pour vous montrer à quel point il est
important d’analyser les causes possibles qui ont pu déclencher
la PIF, afin que cela ne se reproduise pas.


CONCLUSION

Quoi qu’il en soit, la PIF pour l’instant en France est un fléau
qui tue environ 5% des chatons de race (et sûrement autant,
voire plus, pour les chats sans pedigree). Et cela ni les
éleveurs, ni les maîtres, ni les vétérinaires ne peuvent rien y
faire.

L’espoir vient du fait que le marché médical du chat de race est en pleine expansion. Les laboratoires se penchent donc sur la
question et l’on peut espérer des progrès dans les années à
venir. Il existe actuellement dans certains pays des vaccins
qui, pour l’instant, n’ont pas fait leurs preuves et s’avèrent
même dangereux. Ils sont d’ailleurs interdits en France.

Bien que, pour l’instant, la PIF soit inéluctable, et que
personne en particulier ne puisse être rendu responsable du
décès d’un chat par cette maladie, nous pouvons toutefois
prendre quelques mesures pour essayer de créer un contexte le
plus favorable possible. Le recul du risque passe par la
symbiose entre les trois partenaires qui traverseront la vie du
chat.
- L’éleveur se doit de pratiquer des méthodes d’élevage telles
que décrites dans l’article du Dr Jean-Jacques MALERGUE.
- Le propriétaire doit apporter le meilleur cadre de vie possible à son chat en lui évitant tout stress inutile.
- Le vétérinaire doit être choisi par le propriétaire sur ses
compétences en matière féline et son amour pour l’espèce.

En tout état de cause, c’est en parlant de la PIF et en
échangeant les points de vue et expériences de chacun que nous
pourrons faire avancer la lutte contre ce fléau.

En espérant que ces informations vous aideront à mieux comprendre cette maladie et que c’est tous unis, maîtres, vétérinaires et éleveurs, que nous lutterons le mieux contre elle.

3) ASPECTS JURIDIQUES DE LA PIF — Par Ch. AMISSE, secrétaire
générale du CHATHAI

D’un point de vue purement juridique, les ventes de carnivores
domestiques, dont font partie nos compagnons les chats, sont
régies par le Code Rural, notamment le décret n°90-572 du 28
juin 1990 et l’arrêté du 2 août 1990, qui définissent un cadre
légal à ces transactions, et dressent la liste des vices
rédhibitoires et les critères d’établissement d’un diagnostic de
suspicion pour les maladies du chien et du chat.

Chez le chat, les maladies constitutives de vices rédhibitoires
sont les suivantes :
• La leucopénie infectieuse féline
• La péritonite infectieuse féline
• L’infection par le virus leucémogène félin.

Avant d’aller plus loin, il convient de définir rapidement le
vice rédhibitoire ? C’est un « défaut caché de la chose vendue
(sachant qu’aux yeux de la loi, les animaux domestiques sont
considérés comme des  »choses« , des biens meubles) qui peut
constituer un motif d’annulation de la vente ».

Nous allons traiter plus spécifiquement ici de la péritonite
infectieuse féline, ou PIF, qui entre dans le cadre des vices
rédhibitoires tels que définis par le Code Rural.

Que dit le Code Rural ?

Article R213-2 :
Sont réputés vices rédhibitoires, pour l’application des articles
L. 213-1 et L. 213-2 et donnent seuls ouverture aux actions
résultant des articles 1641 à 1649 du code civil, sans
distinction des localités où les ventes et échanges ont lieu,
les maladies ou défauts portant sur des chiens et des chats :
(…)

2º Pour l’espèce féline :

a) La leucopénie infectieuse ;

b) La péritonite infectieuse féline ;

c) L’infection par le virus leucémogène félin ;

d) L’infection par le virus de l’immuno-dépression.

Article R213-6 :
Dans les cas de maladies transmissibles des espèces canine ou
féline, l’action en garantie ne peut être exercée que si un
diagnostic de suspicion signé par un vétérinaire a été établi
selon les critères définis par arrêté du ministre chargé de
l’agriculture et dans les délais suivants :
(…)

4º Pour la leucopénie infectieuse féline : cinq jours ;

5º Pour la péritonite infectieuse féline : vingt et un jours ;

6º Pour l’infection par le virus leucémogène félin : quinze
jours.

Voici maintenant un extrait de l’arrêté du 2 août 1990 fixant les
critères d’établissement d’un diagnostic de suspicion pour les
maladies du chien et du chat :

« Le Ministre de l’Agriculture et de la Forêt… Arrête :
Article 1 — Pour les maladies du chien et du chat visées à
l’article 285.1 du code rural, un diagnostic clinique de
suspicion peut être porté sur la base d’un tableau clinique
fortement évocateur, relevé et consigné par un vétérinaire ou un
docteur-vétérinaire.
A cette fin, les critères énumérés ci-après sont plus
particulièrement recherchés.
(…)
Chez le chat :
(…)
b) Péritonite infectieuse féline : hyperthermie persistante,
épanchement péritonéal, épanchement pleural, uvéite, symptômes
nerveux.
(…)

Article 2 – Un diagnostic de suspicion pour les maladies du chien
et du chat visées à l’article 285.1 du code rural peut également
être porté à la suite d’un examen de laboratoire (…).

En pratique et en clair, que signifient ces textes en ce qui
concerne plus spécifiquement la PIF ?

Délais :

Le législateur estime que l’éleveur est tenu pour responsable
d’une PIF qui se déclare dans les 21 jours suivant la date
d’achat du chat, et que l’acheteur bénéficie d’un délai de
trente jours après la vente pour faire valoir ses droits, par
lettre recommandé, dans le cadre d’une action en annulation de
la vente (pour vice rédhibitoire).

Concrètement, en cas de suspicion de PIF par le vétérinaire de
l’acheteur, ce praticien doit établir dans ce délai de 21 jours
un certificat dressant un bilan clinique aussi détaillé que
possible des éléments lui faisant envisager l’éventualité d’une
PIF. Important : un simple test Corona Virus positif n’est pas
constitutif d’une suspicion de PIF. De même, il convient de se
rappeler que le diagnostic scientifique de PIF ne peut être
établi de façon certaine que post-mortem (voir l’article du Dr
MALERGUE).

Les devoirs de l’éleveur :

Si malheureusement le diagnostic de PIF est confirmé par le décès du chaton, l’acquéreur dispose donc d’un délai de trente jours après l’achat pour demander officiellement le remboursement intégral du prix du chaton. L’éleveur (qu’il s’agisse d’un particulier ou d’un professionnel) se doit de rembourser l’acquéreur, et non de proposer un autre chaton en « échange ».
Libre à l’acquéreur, s’il le souhaite, de racheter un autre
chaton chez le même éleveur, mais il doit y avoir au préalable
un remboursement, le vice rédhibitoire avéré annulant purement et simplement la vente.

Sauf mention contraire au contrat, ou accord écrit préalable de
l’éleveur, ce dernier n’est pas tenu à vous rembourser les frais
de soins ou d’examens ayant permis de poser le diagnostic de la
PIF.

Les devoirs de l’acquéreur :

Pour obtenir l’annulation de la vente et donc le remboursement du prix d’achat, l’acquéreur doit bien évidemment apporter à
l’éleveur toutes les preuves nécessaires, à savoir : le
certificat de suspicion dont j’ai parlé plus haut, mais aussi un
certificat de décès du chaton (mort naturelle ou euthanasie)
ainsi que les examens histologiques pratiqués post-mortem par un laboratoire habilité.

Il convient également de savoir que, dans tous les cas, le
vétérinaire référant de l’éleveur doit être informé de l’état de
santé du chaton.

Et lorsque la PIF se déclare plus tard ?

En-dehors des délais légaux, l’éleveur n’est tenu à aucun
remboursement ni à aucun dédommagement, de quelque nature que ce soit. Toutefois, comme le rappelle E. MEUNIER dans son article, l’éleveur n’est pas un être insensible, et peut trouver avec l’acquéreur une solution pour apaiser la douleur.

Il est bien évident que cela ne dépendra que de la seule relation
entre l’éleveur et l’acheteur. Autrement dit, lorsqu’on souhaite
obtenir un « geste » de la part de l’éleveur (ce peut être, par
exemple, un effort consenti sur le prix d’achat d’un nouveau
chaton), il convient de s’adresser à lui non comme à un
coupable, voire à un ennemi, mais comme à une personne qui est sensible au décès d’un chaton né chez lui, pour, comme le disait E. MEUNIER, essayer de comprendre ce qui s’est passé, sans se culpabiliser ni culpabiliser qui que ce soit, afin de ne pas
reproduire une situation douloureuse pour tout le monde
(acquéreur ET éleveur).

En conclusion…
La PIF est une maladie « taboue », dont il est difficile de parler
sereinement, car elle est très brutale et inexpliquée.

Le législateur a défini une garantie rentrant dans un cadre légal
très précis, afin de protéger financièrement l’acheteur. Pour
autant, il faut faire la différence entre « responsabilité » et
« culpabilité ». L’éleveur est certes responsable durant le délai
légal. A ce titre, il doit assumer financièrement la garantie
mise en place par le législateur. Mais en aucun cas on ne peut
le tenir pour coupable de quoi que ce soit.

Pour autant, l’acquéreur tout comme l’éleveur se trouvent dans
une situation douloureuse, et chacun se doit de faire l’effort
de comprendre l’autre, et pour le moins de le respecter, afin de trouver ensemble une solution. De part et d’autre, le point
commun est l’amour des chats, ne l’oublions pas !!!

4) STRESS ET PIF CHEZ LE CHAT — Par A. SOULIE Eleveur

Il a été observé que la plupart des chats exposés au stress,
avaient développé une PIF.
Le stress favorisant la mutation d’un Corona Virus bénin en un
Corona Virus pathogène.
Les chats soumis à un stress 2 à 4 semaines avant l’apparition de
la maladie, déclaraient une PIF humide. Ceux atteints d’une PIF
sèche, avaient été exposés à un stress remontant jusqu’à un an
plus tôt.

Les causes de stress chez chat sont multiples :
• Stress ressenti par le chaton lors de la rupture avec sa
fratrie.
• Changement de foyer et de maîtres.
• Changements dans la famille: arrivée d’un bébé, d’un autre
chat, d’un chien, d’un animal agressif.
• Evènements familiaux perturbants ou dramatiques: déménagement, décès, etc.
• Absence prolongée des maîtres, mise en pension pendant les
vacances.
• Les voyages, les expositions. La PIF d’expo est médicalement
reconnue par les écoles vétérinaires.
• Les manipulations brusques lors des visites médicales. Les
opérations.
• Le stress biologique résultant de la maladie, de la gestation,
de la mise bas, de l’allaitement, des traumatismes lors
d’accidents.

Il est donc nécessaire de minimiser le stress chez le chat
« positif Corona Virus », en le maintenant dans un environnement
stable et sécurisant.

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Source:
D.D. Addie, J.M. Dennis, S. Toth, J.J. Callanan, S. Reid and O.
Jarrett.
2000. Long-term impact on a closed household of pet cats of
natural infection with feline coronaviruses, feline leukaemia
virus and feline immunodeficiency virus. Veterinary Research 146
(15) : 419-424.
Peter J.M. Rottier. 1999. The molecular dynamics of feline
coronaviruses.
Veterinary Microbiology 69 : 117-125.
Reproduction interdite sans autoisation
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